Paroles d'Yvelinois

Publié le par Martine DA78

Le bilan économique de Sarko

Par Edouard Macko

 

Je passerai rapidement sur les sujets largement débattus et débattrai plus longuement sur ceux qui sont liés à la crise et aux décisions du G20.

- Les heures supplémentaires : Mesure directe du slogan de campagne "travailler plus pour gagner plus". Idée rationnelle mais simpliste. Résultat plus que moyen comme on pouvait le craindre. Des heures supplémentaires mais pas d'emplois supplémentaires. Économiquement et socialement inefficace.

- Le bouclier fiscal : Ça "coûte" des milliards chaque année à l'État pour des rentrées de capitaux décevantes. Mesure avantageuse pour la minorité des plus riches mais onéreuse pour la majorité du peuple. Résultat économiquement faible. Socialement ressenti comme injuste, indécent au regard des citoyens de conditions modestes.

- Le plan de sauvetage des banques : Nécessaire alors vu l'effondrement des bourses, les difficultés des banques, le grippage des circuits de crédits. Évités de justesse la panique et les queues devant les guichets. Un bon point.

- Le plan de relance économique : Nécessaire vu les difficultés des banques et des entreprises, la panne des crédits à l'économie, les perspectives de récession et de licenciements. La relance par l'investissement aurait été mieux si elle s'accompagnait d'une relance par la consommation. Une politique de l'offre n'empêche pas une politique de la demande. La consommation soutient la production et la production qui favorise l'emploi et donc le pouvoir d'achat, soutient à son tour la consommation et ainsi de suite...Anticiper la crise économique et s'attaquer plus tôt à ses conséquences sociales surtout pour les millions de citoyens sous le seuil de pauvreté. Sarkozy aurait pu faire d'1 pierre 2 coups.

- La régulation du système financier : La crise financière permet une formidable et salutaire prise de conscience et le G20 était une rare occasion de changer beaucoup de choses. Si Sarkozy a été l'un des acteurs les plus en vue, ce qui bon pour l'image de la France, et qu'il s'est montré le plus déterminé en matière de régulations, ce dont on peut le féliciter, les résultats finaux laissent beaucoup à désirer.

Sans mesure qui interdise les conflits d'intérêts entre coteurs et cotés, les agences de cotation resteront peu fiables et dangereuses pour les marchés.

Sans volonté réelle de prohiber la fabrication par les uns, la négociation par les autres et la consommation" par d'autres encore, des subprimes et d'autres produits dits toxiques, les marchés financiers resteront toujours sous la menace du danger d'épidémies financières et de leur propagation.

Tant qu'il y a confusion dans les esprits sur les hedge-funds qui fonctionnent comme des trade-funds, la publication obligatoire annoncée de leur spécialisation restera floue et donc vaine. Les gestionnaires de portefeuilles peuvent toujours faire n'importe quoi.

Malgré la promesse de levée du secret bancaire et la publication des listes déjà inopérantes des paradis fiscaux, les problèmes liés à ce "voile financier" ne seront jamais résolus sans juridiction internationale reconnue et respectée.

Sans une réglementation stricte sur les rémunérations des traders et des banquiers complices, tant au niveau du montant, du mode de rémunération, que des positions de marché, l'épargne publique restera toujours à la merci des spéculateurs fous sur les bourses qui jouent souvent au "plus grand casino du monde".

Mais tout cela ne constitue que quelques éléments d'un ensemble plus vaste et plus profond, le système bancaire, coeur du capitalisme financier.

- La refondation du capitalisme financier : Objectif affiché de Sarkosy auquel j'ai applaudi, même si j'étais surpris. Objectif apparemment délaissé, occasion manquée de véritable rupture, but en fait hors d'atteinte sans changement idéologique radical dont on ne le voit pas trop capable.

Refonder le capitalisme financier, c'est refonder le système bancaire. Des banques dépendent tous les problèmes ci-dessus de l'industrie financière, et d'autres encore, en dehors des fonctions classiques de gestion de l'épargne et de financement de l'économie, tels que expansion et dépression, inflation et déflation, investissement, production et consommation, dette et déficit et directement ou indirectement, emploi et chômage, pouvoir d'achat et niveau de vie, sans oublier les pbs d'organisation interne et de politique de crédit, les crédits revolving par exemple décidément à supprimer... Sans oublier non plus la question du pouvoir de création monétaire qui est immense.

Pouvoir dévolu avant principalement à l'état (la planche à billets), il est aujourd'hui essentiellement entre les mains des banques(la plume à crédits), allant jusqu'à 90% de la masse monétaire globale par ex. Monnaie créée avant en contrepartie d'actifs réels, pouvant être créée sur de simples promesses de revenus futurs aléatoires, pour ne pas dire à partir de rien. Privilège exorbitant pouvant conduire au cataclysme du surendettement, et, perte de confiance dans la monnaie aidant, à des situations où les chèques vont servir de brouillons et où on va acheter une baguette avec une brouette de billets.

En exagérant un peu, on peut dire aujourd'hui que "la banque, c'est l'état". Secteur devenu tellement stratégique de l'économie qu'il serait irresponsable de laisser les banques aux seuls banquiers. L'entrée de l'état dans le capital et le conseil d'administration est non seulement nécessaire mais indispensable. Participation majoritaire durable et définitive. La nationalisation du système bancaire ne doit plus être considérée comme une "hérésie" même, et peut-être surtout, dans le système capitaliste, même dans la théorie de l'économie de marché. C'est dans, et seulement dans, cette condition qu'il y a et qu'on peut parler de refondation. Au niveau national comme à l'échelle mondiale.

En conclusion, malgré l'impact de la crise dont il n'est pas responsable, mais parce qu'il ne veut pas ou ne peut pas profiter de la crise pour refonder véritablement le capitalisme financier comme il l'a dit, et parce qu'il n'y a pas d'espoir réel pour que ne se reproduise pas ce genre de crise dont on ressent durement les effets, le bilan économique de Sarkozy me paraît globalement négatif.

Parce qu'elle a une démarche politique nouvelle, qu'elle a une politique économique qui peut être plus efficace car conçue avec plus de justice sociale, une politique sociale tournée vers plus d'humanisme et de fraternité, qu'elle tient à tout faire désormais dans le respect de l'environnement, et qu'enfin, elle me paraît la plus déterminée pour une vraie refondation du capitalisme financier, Je considère Ségolène Royal comme la meilleure alternative possible pour Sarkozy et le Sarkozysme.

 

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